Géo DUPUIS
(1874–1932)
Georges (Géo) Dupuis est né au Havre le 21 janvier 1874 dans une famille protestante. Sa jeunesse est celle de l’apprentissage de métiers manuels, tandis qu’il suit ardemment des cours à l’École des Beaux-Arts de la ville.
Un chirurgien-dentiste havrais qui l’emploie comme prothésiste, lui prodigue conseils et appuis. Et à 17 ans, Géo décide d’aller consolider sa formation artistique à l’École des Arts Décoratifs de Paris. Le fait d’avoir à gagner sa vie en parallèle, son caractère timide et son tempérament solitaire font qu’il ne se lie guère aux autres étudiants, même si une amitié avec le grenoblois Jules Flandrin est avérée.
Femme dans le soleil.
L’année 1897 bahute sa vie. Il a sa première fille, se marie, achète un fonds de fournitures pour artistes, dessine beaucoup, et rencontre l’écrivain Léon Bloy qui le conduit à se convertir au catholicisme. Léon Bloy est si impétueux que Géo finira par s’éloigner de ce maître spirituel tellement envahissant. Mais l’écrivain lui aura fait connaître le très talentueux peintre belge Henry de Groux auprès duquel Géo travaillera souvent.
La singulière acuité des dessins de Géo Dupuis est promptement remarquée ; dès 1901, Alfred Humblot, directeur des éditions Ollendorff lui confie l’illustration d’ouvrages, qui s’enchaînent à raison de deux ou trois par an (Guy de Maupassant, Jean Lorrain, Jules Claretie, parmi d’autres). Le style de Géo Dupuis n’est pas complètement étranger à celui d’Honoré Daumier ou de Théophile-Alexandre Steinlen, mais ses dessins denses et expressifs, sont extraordinairement novateurs par leur ardente sensibilité.
À Paris, dans son logis du Quai de la Tournelle, il dessine à un rythme soutenu et s’adonne en secret à la peinture, faisant preuve, là encore, d’une grande exigence. Il exposera sur une période assez brève au Salon des Indépendants, au fameux Cercle de l’Art Moderne du Havre, et de temps à autre à la Galerie Maury au Havre. Ses huiles sur toile (natures mortes, quais du Havre, scènes intimistes), montrent au départ quelque parenté avec les œuvres de Raoul Dufy ou Albert Marquet, mais glisseront ensuite vers l’esprit de Maurice de Vlaminck et surtout d’André Derain.
Et puis subitement, il décide de quitter Paris et de regagner sa ville natale avec son épouse et ses deux filles. Il continuera à illustrer quelques livres ou revues, à donner de belles couvertures pour des ouvrages ou pièces de théâtre, mais à un rythme plus tempéré. La Grande Guerre apportera une césure à ses activités, et il jonglera ensuite entre des cours de dessin et le métier d’antiquaire. Il s’éteint au Havre le 24 décembre 1932, la presse locale ne l’annonçant que sobrement.
La vie cachée de Géo Dupuis fait que très peu d’éléments de sa trajectoire sont connus. Seule une poignée de peintures est situable. La moindre contribution, tant biographique qu’iconographique serait à cet égard, d’une aide particulièrement précieuse.
L'invitée.