Gaston GOSSELIN
(1882–1913)
Gaston Victor Joseph GOSSELIN est normand, né à Sotteville-lès-Rouen le 9 juillet 1882. Son père y était employé aux Pont-et-Chaussées et sa mère œuvrait à la maison.
Absolument rien n’est connu de son enfance, de sa formation jusqu’à ce que surgisse sa présence, tout jeune, à l’école des Beaux-arts du Havre sous la houlette – brièvement – de Charles Lhullier (1824 – 1898). Et c’est d’ailleurs une havraise, Marie Albertine Vander Elst, qu’il épousera en 1904.
De ce fait, la peinture de Gaston Gosselin n’eut guère d’imprégnation rouennaise. À peine connaît-on quelques toiles alentour de Quevilly ou du Val-de-la-Haye. Mais il ne fut un abonné ni au pont Corneille, ni à la rue de l’Épicerie qui sont les thèmes immanquables des rouennais. Il est vrai qu’il se fixa un temps à Fécamp, et que plusieurs de ses œuvres disent à quel point il fut séduit par le sortilège des grandes falaises cauchoises.
Maison dans les arbres.
En 1904, justement, il montre des falaises à Fécamp et à Senneville au Salon d’Automne. Ses coloris à la fois simplifiés et accentués font qu’il est remarqué par les tenants de la Modernité qui lui ouvrent leurs salons. En 1907, d’abord au printemps, il est exposant à la 1ère exposition de la Société des Artistes Rouennais, puis à l’automne de la même année, toujours à Rouen mais salle Legrip, dans le groupe des XXX en compagnie de Angrand, Girieud, Derain, Dufy, Friesz, Marquet, Matisse, de Vlaminck et quelques rouennais. Devenu parisien, il figure en 1908 au Salon des Indépendants, confirmant et même affermissant sa manière très personnelle. Il montre encore ses œuvres en 1908 à la Société des Artistes Rouennais.
En 1911 enfin, des natures mortes, dans un esprit très fauve, sont présentées à la très marquante 2ème exposition de la Société Normande de Peinture moderne en compagnie des travaux de Desvallières, Duchamp, Dufy, Picabia et Henri de Saint-Delis. Mais il meurt en 1913 à 30 ans, très vraisemblablement de la diphtérie, et la 4ème exposition de la Société Normande de Peinture moderne lui consacre une belle rétrospective, le critique Georges Dubosc évoquant son fugitif parcours en de belles lignes.
Les saules.
L’homme était singulier, comme porteur de cette mélancolie qui est « l’illustre compagnon de la beauté ». Peu lié avec les havrais, il acceptait volontiers les conseils du rouennais Pierre Dumont. Ardent et flamboyant coloriste, jusqu’à l’incandescence et même l’outrance, il semblait à la recherche d’une nouvelle forme d’art. Il avait adopté une étonnante touche virgulée, donnant le sentiment dans quelques toiles qu’une page d’écriture se superposait à la page picturale, conférant ainsi à l’ensemble un rythme musical et une tournure presque japonisante. Comme il recherchait les moments où la lumière se fait improbable, et qu’il raffolait des contre-jours audacieux qui auraient effarouché bien d’autres peintres, il s’est réellement particularisé par rapport aux artistes de son temps.
Devant de si parcellaires connaissances sur Gaston Gosselin, et parce que la voie choisie par lui est pour le moins originale, le peintre mérite que soit jeté sur lui davantage qu’un cil. Il arrive en effet que l’art reprenne à l’oubli le nom d’un inconnu. Tout élément nouveau éclairera utilement sa trop courte épopée dans le monde de l’art.