Robert VALLIN
(1867–?)
Robert Michel Alexis VALLIN est né au Havre où son père, agrégé d’histoire, enseignait au Lycée. Une scolarité un peu désenchantée le pousse à s’engager dans l’armée. À son retour, en septembre 1889, c’est à l’école des Beaux-Arts du Havre qu’il s’inscrit, sous la férule de Charles Lhullier.
Il parachève sa formation à Bruxelles, alentour de 1894, avant un retour à Paris où il se fait un temps homme de lettres, avec les encouragements de Jean Moréas et Charles Morice. Il se marie en 1903, et le couple part pour sept années en Italie, d’abord à Florence, puis Milan, Venise et Bologne. Ses premières peintures à Florence sont d’un pointillisme bien compris, assez proche de celui de Dubois-Pillet. Nombre d’œuvres qui disent le Duomo, le Ponte-Vecchio, le jardin de Boboli ou encore les bords de l’Arno méritent d’être admirées comme audacieuses et modernes. C’en est d’ailleurs deux de cette époque qu’il exposera en 1907 au Cercle de l’Art Moderne havrais.
Vue de Florence.
Et puis il s’éloigne du pointillisme, sans renoncer tout à fait à la division des tons ; il élargit sa touche, dédaigne de plus en plus le détail, joue sur des rapports de tons insolites, n’hésite pas à quelques couleurs pures et donne des mises en page fortes.
L’époque correspond au fauvisme ; et sans qu’il soit raisonnable de classer Robert Vallin parmi les fauves, l’esprit de ses peintures s’en rapproche avec distinction.
La suite, à son retour en France, est moins connue. S’il expose bien en 1913 et 1914 à la Société Nationale des Beaux-Arts (la Nationale), s’il le fait aussi au salon de Bordeaux en 1914, ce sont pour l’essentiel des travaux d’Italie. Il s’adonne maintenant à la gravure et publiera chez Crès, en 1914, un album d’eaux fortes La Ville (Le Vieux Paris) qui a quelque succès. Lui seront confiés plus tard les frontispices de quelques ouvrages.
Et puis en 1919, il part s’installer dans le midi de la France à Saint-Paul-de-Vence, reprenant gentiment la peinture. Quelques expositions personnelles en province témoignent de voyages dans le sud de la France et de retours en Normandie.
À Paris, la Galerie du Luxembourg, conduite par le hollandais Nicolas Kuipers, l’expose. Kuipers avait en effet un penchant pour le néo-impressionnisme ; il exposa d’ailleurs régulièrement Signac et Luce.
La date du décès de Robert Vallin n’est pas connue avec certitude. Il manque assurément d’en savoir davantage sur ce peintre fataliste (et donc sans orgueil) qu’aimait à citer René de Saint-Delis.
Venise.